" LE MARAIS et LE SEL "
Le marais noirmoutrin, représente la quart de la superficie de l'île. Longtemps considéré,à tort, comme un site secondaire sans intérêt, domaine exclusif des sauniers, de la sauvagine et de l'anguille, il est aujourd'hui, à notre avis, la " chance " de Noirmoutier.
Dans cette vaste zone jadis salicole, à la planitude reposante parce que monotone, rien n'attire spécialement le regard du passant mais rien, et c'est bien là l'essentiel, ne le choque non plus. Ici, point de chemins, de maisons, de poteaux, de clôtures... La nature est restée reine et maîtresse des lieux.
Ici, partout l'eau sert de frontière aux propriétés, mais aussi de barrière naturelle contre la divagation du bétail qui paissait jadis sur les bossis enrichis d'herbe grasse. Seuls les passages ou entrées busées, sont fermées de " barrons ", supportés par des " esseppes " de pierre calcaire qui donnent au paysage une allure préhistorique.
Lorsque le mois de juin ramène le chaud soleil d'été et avec lui l'époque du salange, le marais s'éclaire encore de quelques petits cônes à la blancheur immaculée, que l'on peut voir curieusement croître de jour en jour : ce sont des mulons de sel marin.
Le sel fut pendant longtemps la principale richesse de l'île. mais la production est en décadence depuis 1942, époque à laquelle 12 000 œillets de culture étaient exploités, pour retomber à 2000 environ en 1970, puis à 850 en 1990. Jadis, les bonnes années, la récolte atteignait le poids de 30 000 tonnes dont la vente faisait vivre une grande partie de la population : les propriétaires de marais, qui percevaient la moitié de la récolte mais devaient faire les grosses réparations, les locataires ou sauniers, les mesureurs, coloyeurs, magasiniers, les négociants, les équipages des caboteurs, les transporteurs automobiles ...
Mais un espoir subsiste de sauver les derniers marais salants. En effet, depuis quelques années de jeunes sauniers ont pris la relève des anciens, frappés par l'âge ou la mort. Plusieurs marais salants abandonnés ont été remis en état.
Le marais littoral est sauvé. Celui de l'intérieur attend sa reconversion. Celle-ci est intelligemment commencée par le S.M.A.M - Syndicat Mixte d'Aménagement des marais - avec le recalibrage des étiers qui alimentent en eau de mer.